Programme prévisionnel de travail 2011
Après une première année de lancement de différents chantiers de recherche en lien avec les partenaires de la chaire, le programme de travail pour 2011 définit des priorités par rapport auxquelles sont attendues des premières réalisations qui prendront différentes formes (rapport de recherche, communication à colloque…) selon des calendriers distincts. Quatre recherches sont ainsi définies comme prioritaires pour l’année 2011 :
1. Les effets sur l’emploi de la concentration dans les mutuelles de santé
2. L’ESS en Seine et Marne : croissance, emplois et politique publique
3. L’évolution des métiers dans le secteur médico-social
4. L’insertion par l’activité économique
1. Les effets sur l’emploi de la concentration dans les mutuelles de santé
Cette recherche a commencé en 2010 au sein de la chaire où elle est conduite en lien avec l’Ugem qui en fut à l’initiative. L’année 2011 sera consacrée à la poursuite et à l’achèvement de l’étude statistique réalisée sur les données disponibles (DADS de 2002 à 2005) et à la réalisation de l’étude qualitative (réalisation des entretiens et premières analyses).
L’étude quantitative est réalisée par Richard Duhautois (CEE, Professeur associé UPEMLV), elle donnera lieu à une première présentation lors de la rencontre chercheurs acteurs du 9 décembre.
Pour l’étude qualitative, elle sera conduite sous la responsabilité scientifique de Stéphanie Laguérodie (Paris 1, CES) auprès de quatre mutuelles de santé : Harmonie Mutualité, Uneo, Eovi et Entrain.
Sur la base de plusieurs grilles d’entretien qui seront élaborées suite à la rencontre chercheurs acteurs du 9 décembre 2010, des entretiens seront réalisés au cours du premier semestre 2011 avec les dirigeants de ces quatre mutuelles pour analyser les différentes stratégies à l’œuvre dans ce mouvement de concentration, avec la direction RH et les IRP pour évaluer les effets sur l’emploi au niveau des relations sociales et, enfin, auprès des salariés d’une agence de chacune de ces quatre mutuelles pour comprendre ce qui a changé sur le terrain en lien avec le mouvement de concentration. Sur la base de ces entretiens, une première analyse basée sur ces quatre études de cas de la concentration dans les mutuelles de santé et de ses effets sur l’emploi sera faite avec l’élaboration d’un premier document de travail avant fin octobre 2011. Des premières valorisations sous la forme de propositions de participation à colloque peuvent être envisagées au second semestre 2011.
Valorisation de l’étude : un premier projet de valorisation de l’étude sera de proposer à la revue Travail et emploi un dossier réunissant deux ou trois articles sur l’emploi dans les mutuelles de santé en lien avec le mouvement de concentration que ces mutuelles connaissent.
2. L’ESS en Seine et Marne : croissance, emploi et politique publique
Cette recherche a été initiée et lancée au dernier trimestre 2010 dans le cadre de l’adhésion à la chaire du conseil général de Seine et Marne. Son objectif est l’analyse en partie prospective du rôle de l’ESS dans le développement économique de Seine et Marne en vue de définir une politique de soutien à l’ESS efficace à l’échelon départemental et conforme à l’objectif d’un développement local qui soit durable et inclusif.
La réalisation de cette étude comporte trois parties. La première correspond à une analyse statistique de l’ESS en Seine et Marne qui sera basée sur les données de l’Insee qui retient un découpage de l’ESS en fonction du statut des établissements (coopérative, mutuelle, fondation et association employeuse). Cette étude statistique vise à situer de manière exhaustive l’ESS en Seine et Marne du point de vue de ses établissements et de ses emplois, en comparaison avec les établissements et emplois hors ESS privé ou public et avec l’Ile de France. Elle sera conduite en lien avec l’Insee régional et l’Atelier. Les premiers résultats seront disponibles à partir de fin janvier 2011.
La deuxième partie recouvre l’analyse stratégique du rôle de l’ESS dans le développement économique de Seine et Marne, qui sera réalisée dans le cadre de cinq monographies et ne sera donc pas exhaustive. Plus précisément, deux monographies sectorielles (choisies parmi les secteurs du tourisme, de l’agriculture, du service à la personne, de l’éco-construction ou, enfin, de l’accès au numérique), deux monographies territoriales (choisies parmi un territoire urbain et un territoire rural du département) et une monographie de l’IAE éclairant les problématiques sociales du département. Ces monographies auront pour objectif d’analyser le rôle de l’ESS dans le modèle économique du secteur ou du territoire, selon qu’il s’agisse par exemple d’un modèle basé sur l’offre (tourisme, agriculture) ou d’un modèle de la demande (service à la personne, accès au numérique), en fonction des caractéristiques de l’ESS qui seront à vérifier : modèle de circuit court entre l’offre et la demande lié à un ancrage territorial fort, modèle économique à finalité sociale (les besoins, l’emploi, l’environnement), modèle à gouvernance démocratique et collective.
La troisième partie concerne les préconisations en vue d’une politique de soutien efficace de l’ESS à l’échelon départemental favorisant un développement local durable et inclusif. Elle sera basée notamment sur un benchmarking des politiques déjà menées en France de soutien à l’ESS à l’échelon régional et départemental. En croisant ces bonnes pratiques avec les spécificités économiques du territoire de seine et marne saisies au travers seulement des cinq monographies réalisées, des préconisations seront faites en matière de soutien politique et financier à l’ESS en Seine et Marne.
Cette recherche donnera lieu à la production d’un rapport de recherche prévue pour fin juin 2011. Elle sera réalisée par l’équipe suivante : Hervé Defalvard (responsable scientifique), Antoine Bouvy (chargé d’étude), Patricia Fizet (chef projet), Celine Portero (chargée d’étude à l’Atelier) et Mathieu Narcy (ERUDITE UPEC).
La valorisation prévue concerne des propositions de présentation de tout ou partie des (premiers) résultats de cette étude dans trois colloques :
- Le colloque du Ciriec International à Valladolid, 6-8 avril 2011 : « L’économie sociale, un pilier d’un nouveau modèle de développement économique durable »
- Le colloque de la Fédération TEPP à Metz, 24-26 juin 2011 : « Emploi, territoires et politique publique »
- La troisième rencontre chercheurs – acteurs 2011 de la Chaire (octobre 2011)
3. L’évolution des métiers dans le secteur médico-social
Cette recherche a été élaborée avec le partenaire Chorum dans le cadre d’une thèse en bourse Cifre dont l’année 2010 a été consacrée à l’élaboration puis à la diffusion début juin de l’appel à candidature (annexe 2) et, en octobre, à la sélection et au recrutement du doctorant Etienne Antelme.
Dans la mesure où cette recherche repose sur une enquête de type sociologique avec une méthode d’observation prolongée afin de saisir très finement les évolutions des métiers et de leur condition de travail au sein des établissements du secteur médico-social, elle sera dirigée par Gilles Jeannot assisté de Pascal Ughetto, tous deux chercheurs au LATTS, le laboratoire de sociologie de l’université de Paris Est Marne-la-Vallée.
Objet de la thèse :
Avant même de pouvoir envisager des outils de prévention des risques professionnels dans le secteur médico-social, dont c’est l’un des objectifs de la mutuelle Chorum, on s’aperçoit que la réalité des conditions d’exercice des métiers dans ce secteur est mal connue. Des métiers comme les éducateurs, ceux ayant trait au handicap, ne datent pas d’aujourd’hui, ils reproduisent des pratiques et des principes professionnels éprouvés et transmis à ceux qui entrent dans ces professions. Quelles évolutions (réglementaires, de financement des structures, de composition des populations de bénéficiaires, de comportement de ces derniers et de leurs proches) ont-elles pu, néanmoins, transformer les conditions de la pratique professionnelle pour mettre certains personnels en difficulté ?
L’un des principaux enjeux de la thèse sera de documenter finement ces conditions, c’est-à-dire de faire un tableau précis du cadre matériel et humain dans lequel s’effectue quotidiennement le travail, de ce qui est vécu dans les situations les plus ordinaires. Un recueil dense de données devra constituer la matière sur laquelle la dimension analytique de la thèse pourra s’appuyer.
La thèse devra, par exemple, être en mesure d’aider à répondre à des questions telles que : de combien de bénéficiaires chaque professionnel doit-il réellement s’occuper, en vertu des moyens découlant des indicateurs de gestion et de la réalité des établissements ; comment, dans un collectif de professionnels, se répartit-on les différents types de personnes, par exemple en fonction de leur handicap ou de leur âge ; tient-on compte des vulnérabilités des uns et des autres ; comment régule-t-on la pénibilité au sein de ce collectif ? Dans le prolongement de ces questions, il s’agirait d’apprécier dans quelle mesure le métier protège ou non les divers professionnels des conditions d’exercice les plus délicates à endurer.
L’année 2011 sera la première année de réalisation de la thèse qui sera consacrée à une recherche documentaire et une première sélection et exploration des terrains de la recherche sous la direction d’un comité de suivi qui sera mis en place sous la responsabilité conjointe de Emmanuelle Paradis (Chorum) et Hervé Defalvard (Chaire ESS-UPEMLV).
4. L’insertion par l’activité économique
Ce quatrième chantier comprend trois recherches dont deux sont réalisées dans le cadre de thèse de doctorat.
a) « L’insertion des personnes vivant avec le VIH : l’accompagnement des associations d’usager », Thèse de Melaine Cervera, sous la co-direction de Hervé Defalvard et Jean-Louis Laville, Laboratoire ERUDITE, thèse financée par un Contrat Sidaction.
A partir de deux monographies portant sur deux territoires comprenant des associations ayant mis en œuvre un accompagnement dans et vers l’emploi auprès de personnes vivant avec le VIH, la thèse analyse la construction spécifique des trajectoires d’insertion qui s’y élaborent et s’y développent dans le temps. Elle s’appuie notamment sur une méthodologie pragmatique et qualitative développée par Howard Becker. Cette recherche s’inscrit dans le prolongement de travaux menés sur l’accompagnement dans et vers l’emploi mis en œuvre au sein des structures d’insertion par l’activité économique par rapport auquel les associations d’usager proposent un modèle en partie différent.
L’année 2011 sera la troisième et dernière année de thèse dont le résultat attendu est donc l’achèvement de la thèse avec une soutenance avec la fin de l’année 2011.
b) « L’intégration dans l’entreprise classique des salariés en parcours d’insertion », thèse de Antoine Bouvy sous la direction de Hervé Defalvard, Laboratoire ERUDITE, financée pendant deux ans dans le cadre d’un contrat avec le Haut Commissariat aux solidarités actives.
A partir d’une enquête portant sur 50 situations d’intégration dans des entreprises classiques situées en Seine et Marne, de taille et de secteurs variés, mettant en œuvre des relations entre le salarié en parcours d’insertion embauché dans l’entreprise classique, son tuteur entreprise et son référent au sein du service public de l’emploi, la thèse analyse les différents modèles mis en place pour construire des trajectoires d’insertion durables dans l’emploi ainsi que le rôle joué par chacun des acteurs de cette insertion. Elle s’attache à mettre en avant les éléments de répétition qui se retrouvent dans toutes les situations et ceux qui, au contraire, distinguent des modèles différents d’insertion en considérant les différents points de vue à l’œuvre.
L’année 2011 sera la troisième année de thèse et, en raison du non financement de cette troisième année, son achèvement nécessitera sans doute une quatrième année de thèse. Une première synthèse des entretiens, à partir de leur analyse par le logiciel d’analyse de données textuelles Alceste, permettant de dégager les éléments de répétition dans les discours et, par extension, dans le vécu des situations, est attendue pour la fin de l’année 2011.
c) Ruptures et continuités dans les trajectoires d’insertion : le cas des plateformes emploi de la CSTP 77.
Cette recherche porte sur les trajectoires d’insertion de salariés recrutés dans le cadre d’un dispositif mis en place par la chambre syndicale des travaux publics de seine et marne (CSTP 77). A partir de 2006, ce dispositif a permis de recruter en CDI des salariés en parcours d’insertion sur des plateformes emploi où, après une période de formation en groupe allant de quatre à six mois, ils étaient intégrés dans des entreprises des TP de seine et marne ayant des marchés incluant des clauses d’insertion.
Sur les 122 salariés recrutés au total, la moitié d’entre eux était en 2009 toujours en CDI dans l’entreprise de TP qui les avait recrutés alors que l’autre moitié avait vu leur CDI initial être rompu. Les deux tiers des ruptures de CDI avaient pour origine l’absentéisme ou l’abandon. Soutenue par l’unité territoriale seine et marnaise de la direction régionale du travail, l’étude cherche à mieux comprendre les raisons des ruptures et des continuités dans les trajectoires d’insertion en considérant les trajectoires des 40 salariés (20 avec un CDI continué et 20 avec un CDI rompu) recrutés au moyen de ce dispositif expérimental. La recherche qui a commencé en novembre 2010 se déroulera au cours du premier semestre 2011. Elle donnera lieu à un document de travail de la chaire élaboré au cours du second semestre 2011. Hervé Defalvard, Antoine Bouvy et Stéphanie Bruzzo participeront à la réalisation de cette étude.
Une première valorisation de la recherche est prévue sous la forme d’une proposition de communication au colloque de la fédération TEPP « Emploi, territoires et politique publique » à Metz du 24 au 26 juin 2011.