Figures et filiations dans le discours politique latino-américain

Du 12 au 14 février 2009 s’est tenu à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, puis à l’Institut des Hautes Etudes de l’Amérique latine, un colloque international ayant pour thème : Les discours politiques en Amérique latine. Filiations, polyphonies, théâtralités. Une série de contributions viennent d’être réunies dans un numéro thématique de la revue Mots. Les langages du politique, ENS Editions.
Ce colloque était organisé à l’initiative de la Société d’Etude des Langages du Politique (SELP), avec l’appui de deux laboratoires du PRES Paris Est : le CEDITEC (Paris 12) et le LISAA-EMHIS (Paris-Est Marne-la-Vallée).
Confrontée durant des décennies aux incertitudes et aux violences politiques, l’Amérique latine connaît aujourd’hui un tournant historique qui s’inscrit dans une prise de conscience collective de ses forces progressistes. Depuis 2005 en effet, les consultations électorales, au Honduras, au Nicaragua, en Bolivie, au Chili (quand bien même les élections de février 2010 y ont tourné à l’avantage du candidat conservateur) ont enregistré des résultats largement favorables à la gauche. Ce virage n’est certes ni homogène ni absolu, mais on peut considérer qu’après de longs épisodes de dictature et de pouvoir militaire, le processus électoral démocratique s’est affermi sur le continent.
Dans ce contexte, comment entendre la montée au pouvoir des personnalités qui incarnent cette gauche, très hétérogène au demeurant : Luiz Inácio Lula au Brésil, Hugo Chávez au Venezuela, Evo Morales en Bolivie, Michelle Bachelet au Chili ou encore Daniel Ortega au Nicaragua? Comment lire les déclarations de leurs adversaires ? On se propose d'entrer dans cette nébuleuse par l'analyse du discours politique des leaders et des figures archaïques dont ils se réclament, la plus emblématique étant Simón Bolívar.
Le discours politique latino-américain s’est en effet construit autour de figures énonciatives tutélaires porteuses d’émancipation sociale et politique. C’est dans ces figures énonciatives, devenues quasiment mythiques, que les divers régimes politiques puisent leurs répertoires et construisent leurs références idéologiques. Ils s'approprient ces sources en les fragmentant, en les amplifiant, en y sélectionnant des thématiques, des champs lexicaux et des lieux argumentatifs, en les incorporant à de nouvelles mises en scène discursives ancrées dans l’événementialité.
Les articles réunis dans ce dossier illustrent diverses modalités de cette réappropriation et de cette intertextualité.
- MOTS. LES LANGAGES DU POLITIQUE, ENS ÉDITIONS, 93, Juillet 2010
SOMMAIRE
Figures et filiations dans le discours politique latino-américain
Dossier coordonné par Pierre Fiala et Jean-Paul Honoré
- Pierre Fiala, Jean-Paul Honoré. Filiations, polyphonie, théâtralité. Figures politiques tutélaires en Amérique latine
- Louise Bénat-Tachot. De l’évocation à l’incantation, de l’incantation à la preuve. Les usages de la mention de José Martí par Fidel Castro (1953-1962)
- Jean-Henri Madeleine. « Sandino, guerrillero proletario » de Carlos Fonseca. De la citation à l’exemple.
- Églantine Samouth. L’adjectif bolivariano dans la presse vénézuélienne. Entre langue et positionnements politiques.
- Morgan Donot. Émergence d’un nouveau péronisme ? Analyse des discours à la Nation de Néstor Kirchner (2003-2007).
- María Fernanda González Espinosa, Pierre Fiala. Le discours chavézien, fondement d’une nouvelle gauche andine ?
Varia:
- Emmanuel Marty, Franck Rebillard, Nikos Smyrnaios, Annelise Touboul. Variété et distribution des sujets d’actualité sur Internet. Une analyse quantitative de l’information en ligne.
- Miguel Espar Argerich, Dóris de Arruda Carneiro da Cunha. Construction et évolution du discours du Partido dos trabalhadores au Brésil (1980-2006). Une approche dialogique.
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